Watchmen est un comic en douze épisodes scénarisé par Alan Moore et illustré par Dave Gibbons. De part son intrigue cohérente aux multiples embranchements, il est considéré comme un des actes fondateurs du Dark Age de la BD Etatsunienne (avec The Dark Knight Returns de Frank Miller). Il s'agit de la seule BD à figurer dans les "100 livres du XXème siècle" du Time Magazine.

L'histoire prend place dans une univers dans lequel les super-héros existent mais sont illégaux tant qu'ils ne servent pas directement les Etats-Unis. Dans ce 1985 alternatif, Reagan Nixon en est à son cinquième mandat et les tensions avec l'URSS sont à son comble : la guerre est évitée par la présence du Dr Manhattan, un être moléculaire quasi-omnipotent qui a permis aux USA de gagner la Guerre du Viet Nam. Quand le récit commence, un complot semble viser à éliminer les anciens vigilantes solitaires et le Rorschach, justicier des bas-fonds de New York, tente de mener l'enquête en revoyant ses anciens camarades.
A partir de là, on suit de nombreux personnages confrontés à cette crise. Chacun a ses raisons et ses valeurs, ce qui enlève tout manichéisme et pose une réflexion sur la question morale que représente le super-héros. L'univers est développé par des sections écrites entre chaque chapitre, renforçant la cohésion globale. C'est écrit magistralement et certaines idées de mise en cases sont à tomber. C'est une grande œuvre qui remet en cause plein de concepts qui nous semblaient acquis.
J'ai envie de regarder l'interprétation qu'en a fait Damon Lindelof il y a peu ; beaucoup moins envie de regarder le long-métrage de Zack Snyder.

@art_tweek
Chef d'oeuvre absolu de la BD américaine et meilleure histoire de supers-héros jamais imaginée. Un vrai miroir de son époque vu à travers les yeux de personnages désabusés, loin des caricatures du super-héros lambda; à savoir, parfait, infaillible, et incorruptible.
Si tu es toujours intéressé par cet univers, je te conseille fortement la série de préquels centré sur chaque personnage, ça s'appelle Before Watchmen. Et si t'as vraiment envie de creuser plus profondément, le crossover avec l'univers DC classique Doomsday Clock est un vrai petit bijoux. La révélation finale sur le Dr. Manhattan m'a troué le cul.
Ultra méga spoiler pour ceux qui n'ont pas envie de le lire

Fun fact
Au départ, Alan Moore voulait que son histoire se déroule dans l'univers classique de DC et pour cela, il désirait utiliser les anciens personnages de Charlton Comics, nouvellement acquis par DC, dont Captain Atom "Dr Manhattan", The Question "Rorschach" et Peacemaker "Le Comédien"...
Mais DC a flippé quand elle a découvert que la moitié du casting se faisait caner, alors ils ont proposé à Moore de créer son propre univers.
Peacemaker apparaît dans The Suicide Squad de James Gunn, sous les traits de John Cena. Le Comédien à côté c'est un bisounours.

@art_tweek a dit dans Watchmen :

Reagan en est à son cinquième mandat

Je crois que c'est plutôt le 3ème mandat de Nixon.

@art_tweek a dit dans Watchmen :

beaucoup moins envie de regarder le long-méttrage de Zack Snyder

En Director's Cut, tout comme le comics, ce film représente le haut du panier dans le genre super-héroïque. Il m'arrive même de le préférer à la BD parfois, notamment en ce qui concerne les changements apportés au Climax et le portrait de Rorschach, plus fouillé que dans l'oeuvre originale.

@dirty-cop Ah oui c'est Nixon. Je confond parce qu'il est fait mention de "R.R. président" à la fin. Par contre tu es la première personne à me dire du bien de Before.

Je m'en suis séparé dernièrement mais c'est vraiment une bonne BD. Je suis par contre dubitatif sur sa présence dans le top 100 de Time magazine (ça n'est pas Akira non plus...).

@hoover Je ne pense pas que l'intelligentsia américaine ne lise de manga, c'est une culture bien trop peu connue.

@art_tweek a dit dans Watchmen :

@hoover Je ne pense pas que l'intelligentsia américaine ne lise de manga, c'est une culture bien trop peu connue.

C'est l'a priori que j'ai en voyant ce résultat, faudrait que je mette la main sur le top 100 en question, je serais curieux de voir la part d'œuvres non anglophones.

@art_tweek a dit dans Watchmen :

tu es la première personne à me dire du bien de Before.

Les histoires sont certes inégales, mais dans l'ensemble j'ai trouvé que c'était très intéressant et respectueux envers le comics original. Surtout les histoires sur Le Comédien, Roarchach et Les Minutemen.

@dirty-cop Rorschach est un des personnages les plus intéressant de l'œuvre mais il a pas mal été repris par des gens qui ne l'avaient pas compris. Moore dit souvent qu'il est mal à l'aise face aux fans qui le considère comme un héros alors que lui le vois comme un sociopathe proto-fasciste intransigeant. Mais c'est vrai qu'il est fascinant.

@Hoover Je n'arrive pas à mettre la main sur cette liste, elle a manifestement été retirée du site du Time

@art_tweek a dit dans Watchmen :

vois comme un sociopathe proto-fasciste intransigeant. Mais c'est vrai qu'il est fascinant.

Personnellement je pense que même Alan Moore est totalement à côté de ses pompes avec Roarchach. Je le vois, et je ne suis pas le seul, comme le personnage le plus noble de l'œuvre, malgré tout ses travers.

Et ça, il n'y a que Zack Snyder et Brian Azarello qui l'ont compris et qui ont mis en valeur le côté humain de Roarchach dans leurs oeuvres.

@dirty-cop J'ai écouté un podcast fort sympathique sur Moore qui durait près de 7 heures je crois et revenais sur l'ensemble de sa carrière. Les intervenant théorisaient l'idée qu'autant Moore déteste Rorschach politiquement, autant il l'aimait ou du moins le respectait pour son abnégation. Rorschach comme Moore ou comme V sont des personnes qui vivent à fond leurs principes et refusent tout compromis (Alan Moore refuse les chèques de droit d'auteur quand ses œuvres se font adapter par exemple).

En revanche, il faut quand même avouer que ce bon Walter Joseph Kovacs a ce qu'il convient d'appeler un pet au casque.

Je viens de le terminer à l'instant. Franchement, on tient là un véritable chef d'oeuvre de la bande-dessinée et du comic book américain en général ! On peut expliquer cela par une intrigue générale bien complexe interragissant avec tous les protagonistes de l'histoire selon le point de vue de chacun.

De plus on a un sacré mélange de genres qui donnent un sacré bon résultat: partant d'une enquête sur le meurtre d'un justicier masqué dont la tonalité est digne d'un polar, on passe progressivement à ce qui ressemble à un thriller conspirationniste, doublé aussi d'une dimension de SF par le biais du Docteur Manhattan avec ses super-pouvoirs quasi-divins influant sur les atomes et bien plus. On a par ce fait une déconstruction et une parodie du genre super-héros, où les aventuriers costumés sont mal vus et passeront pour insignifiants par rapport à ce qui va se passer durant toute l'histoire.

Les personnages sont assez intéressants, notamment parmi les héros, qui sont traités ni comme réellement bienveillant, ni réellement malfaisant. Ils sont pas si différents de nous en fait et ont chacun un esprit assez particulier s'interrogeant sur la nature humaine et le vrai sens de sa vie. Parmi les exemples illustrant mes dires, on peut citer Rorschach et sa justice impitoyable convaincu du mal absolu se trouvant dans chaque criminel et même chez les hommes en général, le Docteur Manhattan prenant aussi conscience de la nature destructrice et vaniteuse de l'humanité et s'en détachant peu à peu pour se concentrer sur le reste de l'univers, ou encore le Comédien qui s'adonne à son cynisme exacerbé, comprenant bien comment marche le monde impitoyable dans lequel il vit.

Les divers documents à chaque fin de chapitre se révèlent enrichissantes pour développer le monde de Watchmen et permettent ainsi de mieux cerner les personnages bien établis, ainsi que la société de l'uchronie dont on est témoin (Nixon toujours président, une guerre du Vietnam remporté par les américains), et on ne manquera pas de se passionner pour la petite mise en abyme qu'est la BD Tales of the Black Freighter, qui nous raconte une histoire passionnante sur la descente dans la folie.

En bref, Watchmen est une véritable perle certes complexe, mais magistralement bien mené qu'il serait regrettable de passer à côté.