un mot saisi au vol dans le débat que j'écoute en ce moment : résistance
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Je me suis bien amusé à écrire ce qui suit, j'espère que vous vous amuserez à le lire !
Pourquoi donc ce matin là Martine avait-elle décidé d'acheter un camembert, elle qui ne vouait de passion jusqu'ici que pour le gruyère ?
Jamais elle n'aurait imaginé ressentir de la lassitude envers son fromage préféré, ce que d'aucun aurait considéré comme une routine alimentaire était pour elle comme une religion, peut-être en raison de son origine Suisse par sa mère ?
Elle ne se doutait pas que Cupidon avait jeté son dévolu sur cette trentenaire qui s'était parfaitement satisfaite de sa situation de célibataire, son coeur était en pause d'émotions depuis dix ans déjà. Mais notre professionnel ailé de la palpitation sentimentale allait bientôt briser sa muraille d'indifférence.
Il prit l'apparence du nouveau vendeur crémier du supermarché, quoi de mieux pour venir à bout de la résistance de notre héroïne de cette histoire laitière ! Excellente intuition, à sa vue elle fondit comme une raclette.
Le mariage sera célébré samedi prochain à la mairie de Livarot, à 14 h. -
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- Encore ! Mais pourquoi ?
La lassitude commençait à gagner les élèves. C’était toujours la même routine chaque année. Les profs d’EPS semblaient avoir autant d’imagination qu’un tabouret
« Prenez un ballon et faites un foot ou un basket » « Endurance vous allez faire des tours de la cour à petites foulées ».
Les collégiens de quatrième qui se farcissaient ce programme depuis déjà trois ans en arrivaient presque à envier les 6èmes tous pimpants qui n’avaient aucune idée de leur situation. Est-ce qu’on essayait de tester leur résistance au gris et au morne ? Et les parents qui prétendaient que cette période était la plus belle de la vie. Mais lol quoi !! Ah ça vendait du rêve ! A croire que les parents les avaient pondus dans le seul but qu’ils puissent en baver autant qu’eux.
- Flemme…
Ce n’était rien qu’un tout petit mot prononcé par Kenzo. Mais il provoqua un électrochoc général. La classe de 4ème B s’immobilisa soudain, marquant une pause impromptue dans son emploi du temps bien ficelé par la vie scolaire. Une intuition générale sembla se former. OK les générations précédentes avaient tout accepté sans broncher. Mais eux non ! Ils ne se laisseraient pas gagner par la lassitude. Ils avaient encore trop d’années à vivre pour se laisser entraîner dans une morosité programmée. Ils seraient la génération qui brisent la malédiction. Des groupes se formèrent un peu partout dans la cour. Ici on avait mis youtube et on faisait un cours de zumba. Là on avait pris les balais dans le local du concierge pour improviser un quidditch moldu. Plus haut un concours de street dance avait lieu, plus haut encore une partie de football gaélique…Et dans tout ce joyeux désordre, le professeur d’EPS balbutiait
- Mais…ce n’est pas dans le programme scolaire ça…
D'après mes derniers renseignements, il serait tout à fait possible que le Graal ne soit ni un vase, ni une coupe, mais... un récipient.
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@coyotito @Hilda-Van-Holp Vous m'épatez , et pour votre réactivité et surtout pour votre imagination . Chapeau bas !
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Ma contribution
Le courrier du cœur
7 h 30. Il est l’or, l’or de se réveiller, Monseignor !
Ce matin, encore plus fortement que les autres jours, je n’ai aucune envie de m’extirper de mon lit pour aller bosser. Je veux juste me momifier dans ma couette et dormir toute la journée. L’alarme de mon téléphone se met encore en alerte et je dois alors revenir à la raison.
Je commence ma routine du matin : douche, habillage, coiffage, maquillage ... et plus le temps de prendre mon petit déjeuner. Comme d’hab ! Alors un simple café bu cul sec, comme d’hab. Tous les matins, c’est pareil. Je jure de ne plus me coiffer, de ne plus me maquiller, de me libérer des diktats de la société et de débouler au bureau nature peinture. Et tous les matins, je renonce à mes résolutions. Je suis comme ça pour tout.
Ma vie est régie par une scrupuleuse répétition des mêmes faits et gestes et une organisation millimétrée comme du papier à musique.
8h30, me voilà dans le hall de mon immeuble, prête à partir, sac à main dans la main droite toujours, sacoche pour mon ordinateur portable dans la main gauche, toujours.
C’est aussi l’heure exacte à laquelle passe le facteur. J’en profite ainsi, comme à l’accoutumée, pour récupérer mon courrier espérant un jour recevoir un document notarié m’annonçant qu’un illustre inconnu membre de ma famille et sans descendance était mort et me léguait tous ses biens. Tiens ! Aujourd’hui, ce n’est pas mon facteur habituel.
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Bonjour, me dit-il d’une voix sûre et posée.
Je l’observe distribuer rapidement les enveloppes dans les orifices qui leur sont dédiés. Je m’approche de lui.
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C’est pour quel nom ? me demande-t-il.
Il lève sa tête et me regarde. Et moi, je sens que je perds complètement mes moyens.
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Rossetto. Mademoiselle Rossetto. J’insiste légèrement sur ‘mademoiselle’.
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Vous n’avez pas de courrier Mademoiselle.
Je le remercie et me dirige vers la porte de sortie. Avant de m’engouffrer dans la rue bruyante, je ne peux m’empêcher de me retourner vers lui pour lui lancer un dernier regard. Peut-être l’a-t-il senti. D’un mouvement discret, il se tourne dans ma direction et esquisse un léger sourire.
Sourire sur lequel je vais fantasmer toute la journée. Dans le bus qui m’amène au bureau. Durant ma pause déjeuner. Lorsque je réponds au téléphone. Pendant que je rédige des messages à mes dizaines de mails en attente. Je pense à lui sans discontinuer.
Pourquoi lui ? Il n’était pas spécialement beau. Il avait même un physique tout à fait ordinaire. Son uniforme de facteur, bleu au liseré jaune n’avait rien de sexy. Sa profession même n’avait rien de particulièrement séduisant. Fantasmer sur un pompier, sur un ouvrier, sur un infirmier, c’est un lieu commun. Mais un facteur !?
Peut-être qu’il m’obsédait ainsi car il était le seul élément nouveau dans ma vie devenue si monotone depuis quelques temps. Il venait ainsi briser une certaine lassitude dans laquelle je m’étais sournoisement enfermée.
Cet inconnu a réveillé en moi une passion folle que je croyais avoir perdu à tout jamais. Je me surprends à imaginer des scénarios enflammés où nous serions les deux seuls protagonistes. Je me trouve bête, on dirait une gamine de 18 ans qui en serait à ses premiers émois. Pourtant, j’aime ça. J’adore cette situation. Je ne manifeste aucune résistance à ces pensées obsédantes qui m’assaillent. De retour chez moi, je me refais la scène dans le hall. J’ai l’impression de sentir les effluves de son parfum qu’il a laissées derrière lui. Une odeur forte, chaude, masculine, sensuelle, puissante. Un parfum de caractère. Il me dit quelque chose, mais je ne le reconnais pas. Ce soir, je n’attends que demain. Et quand le réveil sonnera, je serai déjà peut-être réveillée par l’envie de le revoir. J’ai l’intuition qu’il sera de nouveau là. Et cette fois, je devrais cueillir les opportunités de l’instant et oser quelque chose.
7h30 ! Il est l’or, l’or de se réveiller ! Et de retrouver Monseignor !
Je me prépare avec plus de soin et surtout plus d’entrain que d’habitude. J’enfile ma robe préférée, en cache-cœur, dévoilant un peu mieux mon décolleté. Je ne pense même pas à boire mon café. Je n’ai en tête plus que cette attirance irrépressible et irrationnelle.
8h25. Le bruit de mes talons aiguilles rompt le silence assourdissant des couloirs du bâtiment alors que je descends les escaliers, le cœur suspendu à mes lèvres et mes lèvres frémissant d’excitation. J’atteins le RDC. Il est là.
| dernière édition par Un Ancien Utilisateur Réputation: 0 | Messages: 0 -
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@Mistinguette Super ! et en plus pour une toute nouvelle arrivante tu maîtrises parfaitement les outils de PC avec une grande dextérité . Je suis bluffée. Bravo ! et merci de t'être jointe à nous .
| dernière édition par Kachina Réputation: 23365 | Messages: 16020 -
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@Hilda-Van-Holp "autant d'imagination qu'un tabouret", il faudra que je la retienne, celle-là.
Beau début pour @Mistinguette
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@Coyotito merci. J'ai fait plus classique et déjà vu que cette incroyable union laitière même si mon "héroïne" se reconnaît bien volontiers dans l'expression "laisser le chat aller au fromage ".
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Proche de la lassitude et prête à briser la routine, j’étais sur le point de faire une pause.
La situation n’était pas brillante, et je me demandais pourquoi je continuais à aller dans la même direction, alors que je sentais bien cette résistance qui s’imposait à moi et qui me murmurait d’oublier mes habitudes journalières.
Mais un matin, alors que j’ouvrais comme d’ordinaire mon ordinateur, une visiteuse inattendue fit irruption. Son aura transperçait l’écran et aiguisait mon intuition.
Et comme par magie, une mélodie d’outre-tombe resurgit, me rappelant que rien n'est jamais vraiment terminé, mais que tout est un éternel recommencement, et ce n'est pas Céline qui me contredira -
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@Coyotito Tu l'auras compris, c'est une image. Ce qu'on croyait disparu ne l'est pas ("N'est pas mort ce qui semble à jamais dormir..." H.P. Lovecraft Ok là ça peut faire peur). Et puis Je ne pense pas que les mélodies de Céline fassent peur
| dernière édition par Music Réputation: 10233 | Messages: 5047 -
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La suite de la suite - et le début.
La situation, il fallait l’avouer, était plutôt cocasse. Après avoir passé un petit quart d’heure à se battre avec la valise et réussir, enfin ! à la sortir du coffre de sa voiture, Apolline avait commencé à remonter la rue en direction de son appartement. Ce qui n’était pas une mince affaire avec ce bagage étrangement lourd.
Résolument pourtant, Apolline soulevait la valise, effectuait quelques pas puis reposait la valise quelques secondes avant de renouveler l’opération, encore et encore en une sorte de routine spontanée. Mais pourquoi diable avait-il fallut que la seule place disponible sur le parking fût également celle la plus éloignée de sa porte d’entrée ?
Alors qu’elle faisait une énième pause, Apolline sentit la lassitude la gagner. Des doutes commencèrent à s’insinuer dans son esprit. Et soudain, une question émergea et vint frapper sa conscience : pour quelle raison n’avait-elle pas ouvert la valise là-bas ? Personne ne lui en aurait fait le reproche !
Une intuition. Elle avait eu une intuition. La belle affaire !« Ou alors, tu prends des vessies pour des lanternes et tes désirs pour une réalité »
« Pardon !? » fit une voix, juste à côté d’elle.
Elle se redressa et croisa le regard d’un homme qui la regardait étrangement. Évidemment, c’était lorsqu’il était en train de croiser son chemin qu’elle s’était mise à se parler à elle-même… à voix haute.
« Non, rien, pardon » s’excusa-t-elle.
« Ok » l’homme s’accorda une petite pause, afin de reprendre contenance et reprit : « je peux vous aider ? »
Surprise, Apolline bafouilla un truc qui voulait ressembler à une phrase expliquant qu’elle était presque arrivée et qu’elle allait s’en sortir. Mais ce qui franchit ses lèvres était nettement moins clair et encore moins compréhensible.
« J’ai pris le risque de traverser la rue, pour cela » expliqua l’inconnu en souriant.
Et cette petite touche d’humour réussi à briser la glace.
« Je veux bien un peu d’aide » reconnu Apolline avant d’ajouter en rougissant : « je suis désolée, je suis un cliché sur patte ».
Courtois, l’inconnu ne répondit pas à cette remarque. Il s’avança, saisit la poignée de la valise et… échoua lamentablement à soulever le bagage.
« Mais c’est qu’elle fait de la résistance ! » s’exclama-t-il avec humour. « Au fait, moi, c’est Léo » glissa l’homme, l’air de rien, avant de faire une nouvelle tentative infructueuse.
« Et vous venez d’où comme ça ? » questionna-t-il.
Apolline désigna d’un geste sa voiture, situé à une petite centaine de mètre. Léo opina de la tête avec une moue appréciatrice.
« Si on s’y met à deux, on a peut-être une chance… » suggéra Apolline.
Léo approuva.
« Ah ben, voilà, on progresse »
La voix de sa grand-mère avait retenti avec tant de clarté qu’Apolline avait manqué de se retourner.
Le bonheur n'est pas une chose toute faite. Il découle de vos propres actions
| dernière édition par Artelise Réputation: 6904 | Messages: 4168