Je me souviens des propos d'un politicien anglais (Nick Clegg), à la suite des attentats de Charlie Hebdo, qui affirmait : "Il n'existe pas de droit à ne pas être offensé". Il avait entièrement raison : le fait d'être offensé est quelque chose d'extrêmement subjectif, on peut être offensé ou choqué par tout et n'importe quoi.
Je suis donc d'accord que le droit ne doit pas interdire l'offense, qu'elle soit morale, religieuse, politique ou autre. C'est en cela que le droit au blasphème doit être défendu et protégé.
Pour ce qui est de la frontière entre l'offense et l'insulte, c'est un débat légitime. Toute offense n'est pas insultante (surtout quand ça ne concerne que des croyances et pas des personnes), et certaines offenses vont plus loin que simplement choquer la personne visée (insultes, diffamation, calomnie, incitation à la haine, etc.).
C'est pour ça que la loi va préciser ce qui constitue une insulte ou un propos susceptible de porter atteinte aux droits de la personne ciblée, et que le débat ne sera jamais terminé puisque les mentalités évoluent avec le temps, et des prises de conscience se font continuellement sur tous les sujets.
Toutefois, il faut aussi savoir sortir du simple cadre juridique. Ce n'est pas parce que quelque chose est autorisé par la loi que vous n'avez pas le droit de le critiquer. Quelqu'un qui se sent offensé a parfaitement le droit de dire qu'il est offensé, et de critiquer les personnes qui l'ont offensé.
Quelqu'un qui exprime ce sentiment ne cherche pas forcément à vous interdire de vous exprimer. Il cherche juste à critiquer un propos, la plupart du temps.
C'est pour ça que sur la question du blasphème, je me méfie beaucoup des procès d'intention envers les personnes visées. Les croyants ont tout autant le droit de s'exprimer que les non-croyants, et de trouver que des propos blasphématoires sont irrespectueux.
Ils peuvent aussi remettre en question l'intention de certains blasphémateurs, quand les blasphèmes visent exclusivement ou principalement une religion en particulier (l'islam, par exemple).
Enfin, pour réagir à une phrase que je lis régulièrement : "on ne peut plus rien dire sans risquer de se faire critiquer". Bah, encore heureux... Sinon il n'y aurait pas de liberté d'expression.
En démocratie, il n'existe pas de droit à ne pas être contredit. Même quand on est persuadé d'avoir la seule position légitime.