Ne marche pas devant moi, je ne te suivrai peut-être pas. Ne marche pas derrière moi, je ne te guiderai peut-être pas. Marche à côté de moi et sois simplement mon amie. Les Justes de Albert Camus
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Citations de vos lectures
"L'architecture est le grand livre de l'humanité, l'expression principale de l'homme à divers états de développement, soit force soit comme intelligence." Notre Dame de Paris, Victor Hugo (Oui, je me replonge dans les classiques en ce moment.. Mais bon, après, je retourne à des choses plus légères quand même haha)
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Citations de vos lectures
Hiérarchie chez les rats =>
Une expérience a été effectuée sur des rats. Pour étudier leur aptitude à nager, un chercheur du laboratoire de biologie comportementale de la faculté de Nancy, Didier Desor, en a réuni six dans une cage dont l'unique issue débouchait sur une piscine qu'il leur fallait traverser pour atteindre une mangeoire distribuant les aliments. On a rapidement constaté que les six rats n'allaient pas chercher leur nourriture en nageant de concert. Des rôles sont apparus qu'ils s'étaient ainsi répartis: deux nageurs exploités, deux non nageurs exploiteurs, un nageur autonome et un non nageur souffre-douleur.
Les deux exploités allaient chercher la nourriture en nageant sous l'eau. Lorsqu'ils revenaient à la cage, les deux exploiteurs les frappaient et leur enfonçaient la tête sous l'eau jusqu'à ce qu'ils lâchent leur magot. Ce n'est qu'après avoir nourri les deux exploiteurs que les deux exploités soumis pouvaient se permettre de consommer leur propre croquette. Les exploiteurs ne nageaient jamais, ils se contentaient de rosser les nageurs pour être nourris.
L'autonome était un nageur assez robuste pour ramener sa nourriture et passer les exploiteurs pour se nourrir de son propre labeur. Le souffre-douleur, enfin, était incapable de nager et incapable d'effrayer les exploités, alors il ramassait les miettes tombées lors des combats. La même structure-deux exploités, deux exploiteurs, un autonome et un souffre-douleur ñse retrouva dans les vingt cages où l'expérience fut reconduite.
Pour mieux comprendre ce mécanisme de hiérarchie, Didier Desor plaça six exploiteurs ensemble. Ils se battirent toute la nuit. Au matin, ils avaient recréée les mêmes rôles. Deux exploiteurs, deux exploités, un souffre douleur, un autonome. Et on a obtenu encore le même résultats en réunissant six exploités dans une même cage, six autonomes, ou six souffre douleur.
Puis l'expérience a été reproduite avec une cage plus grande contenant deux cents individus. Ils se sont battus toute la nuit, le lendemain il y avait trois rats crucifiés dont les autres avaient arraché la peau. Moralité: plus la société est nombreuse plus la cruauté envers les souffre douleur augmente. Parallèlement, les exploiteurs de la cage des deux cents entretenaient une hiérarchie de lieutenants afin de répercuter leur autorité sans même qu'ils aient besoin de se donner le mal de terroriser les exploités.
Autre prolongation de cette recherche, les savants de Nancy ont ouvert par la suite les crânes et analysés les cerveaux. Or les plus stressés n'étaient ni les souffre-douleur, ni les exploités, mais les exploiteurs. Ils devaient affreusement craindre de perdre leur statut privilégié et d'être obligés d'aller un jour au travail.
Se pourrait-il que pour chaque espèce animale il existe une sorte de grille d'organisation spécifique. Quels que soient les individus choisis, dès qu'ils sont plus de deux, ils s'empressent de tenter de reproduire cette grille pour s'y intégrer. Peut-être que l'espèce humaine est tributaire elle aussi d'une telle grille. Et quel que soit le gouvernement anarchiste, despotique, monarchiste, républicain ou démocratique, nous retombions dans une répartition similaire des hiérarchies. Seules changent l'appellation et le mode de désignation des exploiteurs.
"L'encyclopédie du savoir relatif et absolu" ( Bernard Werber).
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@Koursk a dit dans Citations de vos lectures :
"Ma droite est enfoncée, ma gauche cède"
La défense de l'OM ? ^^
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Il suffit d'un "copier-coller" pour connaître la réponse.
Tu es vraiment un petit joueur.Tiens attrape =>
Tout le monde patauge dans la grosse gamelle sociale , et d'autres observent de loin et en mesurent l'horreur.| dernière édition par Musings Réputation: 1031 | Messages: 1395 -
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@Musings Pour une fois que j'étale ma culture ! Là tu me fais de la peine ! ^^
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@Musings Si j'avais utilisé un moteur de recherches, j'aurais vraisemblablement indiqué la distinction et non le grade de Ferdinand Foch , or cette citation est celle d'un Général.
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@Musings Ce n'est pas une mauvaise choses en soi d'utiliser un moteur de recherches, on ne peut pas tout savoir. Le principal c'est que quand on va y chercher une info on s'en souvienne après, le but éducatif d'Internet est souvent oublié.
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J'avais pris l'habitude de regarder autour de moi , d'observer ceux que je côtoyais dans la rue, dans le métro, au petit restaurant où je prenais mes repas de midi. Qu'avais-je vu ? Des gueules tristes, des regards fatigués, des individus usés par un travail mal payé, mais bien obligés de le faire pour survivre, ne pouvant s'offrir que le strict minimum. Des êtres incapables de satisfaire leurs moindres désirs, condamnés à être des rêveurs permanents devant les vitrines de luxe et agences de voyages. Des estomacs , clients attirés du plat du jour et du petit verre de vin ordinaire. Des êtres connaissant leur avenir puisque n'en ayant pas. Des robots exploités et fichés, respectueux des lois plus par peur que par honnêteté morale. Des soumis, des vaincus, des esclaves du réveille-matin. J'en faisais partie par obligation, mais je me sentais étranger a ces gens là . Je n'acceptais pas. Je ne voulais pas que ma vie soit réglée d'avance ou décidée par d'autres. Si a 6 H du matin j'avais envie de faire l'amour, je voulais prendre le temps de le faire sans regarder ma montre. Je voulais vivre sans heures, considérant que la première contrainte de l'homme a vu le jour à l'instant où il s'est mis à calculer le temps. Toutes les phrases usuelles de la vie courante me résonnaient dans la tête... Pas le temps de...! Arriver à temps...! Gagner du temps...! Perdre son temps...! Moi, je voulais avoir le temps de vivre et la seule façon d'y arriver était de ne pas en être l'esclave. Je savais l'irrationalisme de ma théorie, qui était inapplicable pour fonder une société. Mais qu'était-elle, cette société, avec ses beaux principes et ses lois ?
Jacques Mesrine : P.71 : Instinct De Mort -
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« Ainsi, tout au long d’interminables crépuscules je rêvais et j’attendais; j’attendais je ne sais quoi. Mais dans ma solitude noire, mon désir de clarté devint si fort et si poignant que je n’étais plus capable de me détendre, de me reposer, et que je tournais toujours mes regards et tendais toujours mes mains avides vers cette tour en ruine, sombre et solitaire, qui montait, au-dessus de la forêt, jusqu’au ciel inconnu de l’au-delà. Finalement, je me résolus à faire l’escalade de cette tour, dussé-je y périr : car mieux valait voir le ciel, quitte à en mourir que vivre sans jamais connaître le jour. »
Je suis d'ailleurs - H.P. Lovecraft -
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"(Il suffit de rapprocher cette "découverte" qui concerne à la fois la réalité sociale et la "science" et son inconscient, de celle que j'avais faite dans mes premiers travaux sur l'Algérie, au début des années soixante, pour apercevoir que, comme l'accès à l'opinion, l'accès au choix économique éclairé, dans l'acte d'achat, d'emprunt ou d'épargne, a des conditions économiques de possibilité, et que l'égalité en liberté et en "rationalité" est tout aussi fictive dans les deux cas. J'avais en effet établi empiriquement que, en deçà d'un certain niveau de sécurité économique, assuré par la stabilité de l'emploi et la possession d'un minimum de revenus réguliers, propres à assurer un minimum de prise sur le présent, les agents économiques ne peuvent concevoir ni accomplir la plupart des conduites qui supposent un effort pour prendre prise sur l'avenir, comme la gestion raisonnée des ressources dans le temps, l'épargne, le recours mesuré au crédit ou le contrôle de la fécondité. C'est dire qu'il y a des conditions économiques et culturelles à l'accès à la conduite économique tenue pour rationnelle. Faut de poser simplement la question, pourtant typiquement économique, de ces conditions, la science économique traite comme un donné naturel, un don universel de la nature, la disposition prospective et calculatrice à l'égard du monde et du temps, dont on sait qu'elle est le produit d'une histoire individuelle et collective tout à fait particulière)."
In Méditations Pascaliennes, de Bourdieu.
Je ferme les yeux alors et m'enroule comme une boule.
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"Il y a des conditions historiques de l'émergence de la raison. Et toute représentation, à prétention scientifique ou non, qui repose sur l'oubli ou l'occultation délibérée de ces conditions tend à légitimer le plus injustifiable des monopoles, c'est-à-dire le monopole de l'universel. Il faut donc, au risque de s'exposer à leurs feux croisés, opposer le même refus aux tenants d'un universalisme abstrait passant sous silence les conditions de l'accès à l'universel - ces privilégiés du point de vue du sexe, de l'ethnie ou de la position sociale qui, détenant un monopole de fait des conditions d'appropriation de l'universel, s'octroient par surcroît la légitimation de leur monopole - et aux défenseurs d'un relativisme cynique et désenchanté. Aussi bien dans les relations entre les nations qu'à l'intérieur de celles-ci, l'universalisme abstrait sert le plus souvent à justifier l'ordre établi, la distribution en vigueur des pouvoirs et des privilèges - c'est-à-dire la domination de l'homme, hétérosexuel, euro-américain (blanc), bourgeois -, au nom des exigences formelles d'un universel abstrait (la démocratie, les droits de l'homme, etc.) dissocié des conditions économiques et sociales de sa réalisation historique ou, pire, au nom de la condamnation ostentatoirement universaliste de toute revendication d'un particularisme et, du même coup, de toutes les "communautés" construites sur la base d'une particularité stigmatisée (femmes, gays, Noirs, etc.) et suspectes ou accusées de s'exclure des unités sociales plus englobantes ("nation", "humanité"). De son côté, la répudiation sceptique ou cynique de toute forme de croyance dans l'universel, dans les valeurs de vérité, d'émancipation, d'Aufklärung en un mot, et de toute affirmation de vérités et de valeurs universelles, au nom d'une forme élémentaire de relativisme qui tient toutes les professions de foi universalistes pour des leurres pharisiens destinés à perpétuer une hégémonie, est une manière, en un sens plus dangereuse, parce qu'elle peut se donner des airs de radicalisme, d'accepter les choses comme elles sont."
In Méditations pascaliennes, de Bourdieu.
Je ferme les yeux alors et m'enroule comme une boule.
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"De mon côté, englouti dans les ténèbres, caché, évitant de me faire voir, le laissant tout entier à son travail, je le regardais, pleurant parfois d'amour et de rage mélangés. J'ai passé des heures, ainsi, à le regarder, embusqué derrière une haie, au creux d'un fossé, dans les fondrières d'un chemin, derrière le tronc d'un arbre, en haut d'une pièce de terre d'où il ne pouvait me voir.
Impuissant, révolté, malheureux de le voir ainsi sacrifié, utilisé, commandé, impliqué dans le travail de la ferme comme un matériel parmi un matériel, j'ai serré les dents plus d'une fois à m'en faire mal à la mâchoire, retenu des sanglots dans le fond de ma gorge, à m'en tétaniser les cordes vocales, contenu ma colère et ma violence, à la sentir me travailler la poitrine, me déchirer le sternum.
C 'est là, dans ces champs, dans cette campagne normande, cette plaine d'Argentan, que j'ai appris le monde du travail, la misère des ouvriers, la pauvreté de leur existence, leurs déplorables conditions de vie, au quotidien.
J'ai découvert le cynisme des chefs de culture, des contremaîtres, qui parfois devaient leur promotion à l'usage que leurs femmes faisaient de leurs charmes auprès du patron propriétaire.. en respirant l'odeur des saisons dans les pièces de terre retournées, cultivées, ensemencées, travaillées par mon père.
Je venais juste d'avoir 10 ans, je devais m'emplir, en même temps que les poumons des parfums de la nature, l'âme d 'une pleine cargaison de révolte. Je ne crains plus d'en manquer jusqu'au bord de ma tombe.
Les tâches pénibles avaient fabriqué un corps à leur mesure : petit, râblé, sa musculature, développée quand il était jeune, avait stoppé la croissance osseuse.
À 20 ans, il portait 165 kilos sur les épaules : deux sacs de 50 et un "copain" de 65. Aujourd'hui, lorsque je le vois marcher, un peu en dodelinant, comme chaloupé par un poids qui n'est plus sur ses épaules, mais dont sa chair a vraisemblablement conservé la mémoire, je sens un pincement au coeur, une émotion, une petite peine.
Lorsque je le surprends, dans le village où j'arrive sans m'être annoncé, et qu'il traverse le bourg, la tête penchée, le visage vers le sol, le regard perdu vers les trottoirs où il marche, je me demande toujours à quoi il peut bien penser, ce qu'il a dans l'esprit au moment précis où je le regarde, quelles idées le préoccupent, le soucient, le distraient.
Je ne saurai pas, je ne saurai jamais.
Sa démarche est lourde, comme s'il devait encore et toujours se défaire d'une terre de labour, marchant dans les sillons gras, la glèbe collant à ses pieds. Ses épaules oscillent, comme en un roulis, gîte, tangage, mouvements qui conduisent son corps sur une onde imaginaire, improbable.
Sa silhouette est figée ainsi, comme elle l'était, à l'époque où il se rendait à son travail en mobylette, d'une étrange manière : étonnant cavalier sur une monture singulière, il ne variait pas dans sa manière d'enfourcher l'engin ni de le conduire. Sa posture ne changeait jamais, une jambe tendue, l'autre repliée, le torse droit, la tête légèrement inclinée, sa casquette avec la sempiternelle visière relevée et son visage impassible, quelles que soient les circonstances.
En hiver, je souffrais de le voir partir, même emmitouflé de vêtements qui finissaient par être troués, puis rapiécés et enfilés les uns sur les autres. Debout dans l'embrasure de la porte, j'avais froid et je le regardais partir dans l'air glacial et le vent coupant : il allait passer sa journée dehors dans des températures polaires..."Le corps de mon père (Michel Onfray).