lettre écrite à sa femme juste avant de se suicider car il est atteint d'une maladie incurable :
Anne, Ma Chérie,
Il y a une plus longue lettre dans le tiroir de la commode, que je t’ai écrite au cours de cette dernière semaine. Celle-là parle de nous. Et des souvenirs que j’ai de nous, pour que tu saches combien je t’ai toujours aimée. Celle-ci parle de cette nuit. Et plus important encore, d’aujourd’hui. Ce soir, je suis sorti voir nos chevaux… et en finir. Je ne peux pas demander pardon pour l’acte en lui-même. Bien que je sache que pendant un court moment tu seras fâchée contre moi. Ou même que tu me haïra pour cela. Je t’en prie, …non. Il ne s’agit pas d’une sorte de : « Je suis arrivé dans ce monde seul et j’en repars seul » ou d’une quelconque stupidité de ce genre. Je ne suis pas entré dans ce monde seul, ma maman était là. Et je ne m’en vais pas seul, puisque tu étais là, ivre dans le canapé, à faire des blagues de cul d’Oscar Wilde. En réalité, il s’agit, d’une certaine façon, d’un acte de courage. Pas le courage de faire face à une balle. Les prochains mois de souffrances seraient bien plus durs que ce petit éclair. Non, c’est le courage de mettre dans la balance, d’un côté les quelques prochains mois à être encore avec toi, à me réveiller encore avec toi, à jouer avec les enfants, et de l’autre, les quelques prochains mois à voir dans tes yeux combien ma souffrance te tue à petit feu, combien mon corps affaibli à mesure qu’il s’éloigne et que toi aussi tu t’épuises sont les derniers souvenirs que tu garderas longtemps de moi. De cela je ne veux pas. Je souhaite que tes derniers souvenirs de moi soient ceux de nous près de la rivière, et ce jeu de pêche idiot auquel je crois elles ont triché (NDLR : leurs deux petites filles). Et moi à l’intérieur de toi, et toi au-dessus de moi. Et à peine une pensée fugace de l’obscurité … encore à venir. C’était là le meilleur, Anne, toute une journée à ne pas y penser du tout. Repense sans cesse à cette journée, mon amour, parce que cela a été la meilleure journée de ma vie. Embrasse les filles pour moi. Et sache que je t’ai toujours aimée. Et peut-être que je te reverrai, s’il y a un ailleurs…. Et s’il n’y en a pas, eh bien, ça aura été le paradis que de te rencontrer.
Ton homme.
Bill