Les évènements présents appellent cette réflexion de façon criante, et c'est un très vieux Monsieur qui l'aborde le plus clairement :
https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/edgar-morin/2021-edgar-morin-espere-que-les-forces-creatives-et-lucides-vont-s-imposer-face-a-la-crise-du-covid-19-meme-si-elles-sont-encore-tres-faibles_4240965.html

Moi qui aime bien me projeter dans l'avenir et planifier des choses, vivre au jour le jour sans savoir de quoi demain sera fait est très difficile. J'ai besoin de certitudes, pour me rassurer. Depuis le début de la crise, j'ai l'impression de devenir schizophrène car je passe souvent par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel au niveau émotionnel. Autant vous dire que le jour où on revient à la normale, je ressentirai ça comme une véritable libération. Et je me ferai plaisir sans compter.

@Farrokh-Bulsara

On est tous plus ou moins, je crois, à la recherche d'une forme d'équilibre sinon de stabilité.
Le mode de vie a plus changé au cours des 150 dernières années que pendant le millénaire précédent.
On a cru qu'on allait maîtriser notre environnement et le vivant.
On a atteint un tel niveau de démographie que le moindre accident naturel (tempête, séisme, etc ... )a des conséquences dramatiques et importantes.
On a accéléré les changements climatiques, détruit l'humus sur de grandes surfaces, diminué nos défenses immunitaires en voulant se nourrir de façon plus économique et vaincre la maladie...
Toutes ses erreurs, commises au nom d'un "progrès" trop rapide et mal réfléchi doivent nous rendre plus humbles et adaptables.

Peut-être que paradoxalement, cela nous incitera à rechercher plus de stabilité affective et émotionnelle.

Mais je crois qu'il va falloir nous habituer à remettre en cause plus facilement nos habitudes et nos certitudes dans de nombreux domaines de notre vie quotidienne :
travail, nourriture, logement, soins médicaux...

Et ces choix auront obligatoirement une dimension individuelle et collective, ce qui signifie qu'on sera obligés aussi d'inventer d'autres formes, d'autres fonctionnement de démocratie.

Mais ça a déjà un peu commencé, non ?

Il a 100 ans aujourd'hui !
https://www.franceculture.fr/personne/edgar-morin

Plus le temps passe et plus l'avenir est incertain. Le monde change de plus en plus vite, et de multiples risques pèsent sur nous. La plus grande incertitude reste de savoir si notre espèce y survivra. On a toujours su s'adapter, mais nous ne sommes pas immortels, y a-t-il un point de non retour ? Si oui, où est-il ?
Nous on ne le connaîtra peut-être pas de notre vivant.
Quoiqu'il en soit, personnellement, j'ai mes projets, mes ambitions, je vais faire de mon mieux pour vivre aussi bien que je le peux, tout en restant proche de mes convictions écologiques et tout ça.
C'est compliqué mais sombrer dans l'incertitude, c'est un pas de plus vers la folie. Alors on profite tout en faisant au mieux pour les générations futures. Quels que soient les évènements qui se passeront, on y fera face!

J'ai longtemps vécu dans l'incertitude.
J'ai eu, dans ma vie, 8ans d'incertitude.

Pas d'amis, harcèlement scolaire, maladie chronique, je me suis isolé dans les jeux en ligne, je ne sortais plus, je ne bossais pas.

J'y ai (dans les jeux en ligne) heureusement rencontré des gens formidables qui m'ont aidés à m'en sortir, et qui font, aujourd'hui, parties intégrantes de ma vie (réelle).
Ils m'ont aidé à rebondir, prendre confiance en moi et avancer.

Aujourd'hui j'ai un CDI, une copine avec moi depuis 3 ans, on se projette.

Comme disait un philosophe de notre ère : La routourne finit toujours par tourner

@martin
Justement, je crois que nous devons apprendre à ne plus "sombrer" dans l'incertitude mais à la gérer, sans croire en notre toute puissance.
Cela implique renoncer aux raisonnements simplistes, linéaires et apprendre à penser la complexité.
Le complotisme, les politiques prisonnières de la finance, les renoncements aux rêves de jeunesse sont les symptômes d'un mode de pensée qui se glorifie d'être cartésien.
Si on admet qu'une cause peut avoir plusieurs effets, qu'un même effet peut avoir plusieurs causes et que dans un système, les relations entre les éléments sont plus importants que les éléments eux mêmes, les possibles apparaissent...

@apis-32 a dit dans Apprendre à vivre dans l'incertitude :

Cela implique renoncer aux raisonnements simplistes, linéaires et apprendre à penser la complexité.

C'est justement là que ça devient compliqué, bien que pas impossible, apprendre à raisonner autrement, chercher d'autres explications sur celles qui nous saute aux yeux, ça peut vite être déroutant.

Le complotisme, les politiques prisonnières de la finance, les renoncements aux rêves de jeunesse sont les symptômes d'un mode de pensée qui se glorifie d'être cartésien.

Notre monde est "malade" aussi si je puis dire. Prisonnier de ce système, de ce monde aux idées aussi nombreuses qu'il n'y a d'hommes sur cette terre, de luttes intestines pour grappiller du pouvoir, de l'influence ou même le champs du voisin... Alors avoir une pensée unique c'est clairement mauvais, là n'est pas le soucis, simplement on se concentre plus sur le moment présent et sur l'individuel que sur le collectif et le long terme...

Si on admet qu'une cause peut avoir plusieurs effets, qu'un même effet peut avoir plusieurs causes et que dans un système, les relations entre les éléments sont plus importants que les éléments eux mêmes, les possibles apparaissent...

Là dessus je suis entièrement d'accord avec toi, et je ne saurais dire mieux à vrai dire.

@cuillère
J'avais une prof de physique qui aimait à nous rappeler que la marche est un bon moyen pour avancer... et que c'est une suite de déséquilibres ...
Je pensais souvent à elle quand je faisais des stages de danse butô où un des exercices consistait à marcher au ralenti...

Pq vous pensez que les soldats de 20 ans envoyés se faire tuer en 14-18 n'étaient pas ds un flou total?Et leur mère,qui voyait partir un ou plusieurs fils,et le mari en prime...elle était sure de quoi?
Et 20 ans après,c'était le deuxième !
Et depuis,on a traversé combien de crises,en en sortant,même si ce n'est pas glorieux!Alors que Bezos fasse des baptêmes
astronautiques,après tout,certains ont été ravis de prendre l'avion pour 15 euros grâce à Bronson et Ryanair!
Ce ne sont pas eux qui bloquent les fleuves qui passent chez eux,par des barrages insensés,qui vont priver d'eau des
pays et leur population!
Ce n'est qu'un exemple!

@myra-flore
Nous avons certainement vécu des situations d'incertitude par le passé, mais sans chercher à les gérer ni même les expliquer : les croyances religieuses et les structures sociales engendraient un certain fatalisme.
Le complotisme me parait d'ailleurs être une variante actualisée de cette forme de pensée.
L'analyse systémique est un mode de pensée pour l'action, en tenant compte des incertitudes, qui peut s'exercer sur différents terrains, à différents niveaux : politique, pédagogique, thérapeutique, organisations diverses...

@apis-32 Les vraies incertitudes sont les évènements qu'il faudra bien subir...
Climatiques,pandémiques et autres..;
et comme nul ne fait rien contre ce qui est avéré,pq ce serait de l'ingérence,que brûle la for^t amazonienne,que naissent des millions d'enfant africains,que le désert gagne sur des pays privés d'eau,que les océans soient des poubelles...
Et ça,ce n'est pas de l'incertitude!

@myra-flore
Tu sais, je comprends ton point de vue, mais j'ai envie de dire chacun vit les choses différemment.
Tu parles des soldats de l'époque, des différentes crises, etc..

Mais il faut se remettre à l'échelle des individus.
Effectivement nous avons tout ce que tu cites, mais quand t'es chez toi seul, avec tes problèmes : le climat, les anciennes guerres, te permettent pas de relativiser.

Pour parler pour moi, j'ai une maladie chronique. Savoir que des gens meurent de maladie pire que la mienne ne m'aide pas à me sentir mieux, parfois je suis plié en 2 et je souffre pendant des heures, et je t'assure que savoir que des pays sont privés d'eau, j'en ai strictement rien à faire dans ces moments.

Je ne sais pas si je suis bien clair dans mon explication, mais encore une fois, il faut se remettre à l'échelle des individus.

@cuillère Je te comprends d'autant mieux que ma vie n'est pas facile non plus...
Mais il y a les difficultés de chacun,et ce qui va se produire dont on a peur,pour nos enfants et tous les autres!
Alors,faire ce qui est possible individuellement,et vivre,en laissant les pires incertitudes de côté,c'est du temps gâché!

Me voilà confrontée à la pire des incertitudes :
Mon fils de 31 ans bientôt, psychotique, est parti il y a plus d'une semaine : on l'a localisé, ( grâce à mon gendre ) mercredi soir chez quelqu'un à Aurignac ( au sud de la Haute Garonne ).
Les gendarmes, après m'avoir fait espérer jeudi matin, m'ont informé le soir qu'ils étaient arrivés trop tard, qu'il était parti.
Les gendarmes m'ont dit que ce n'était pas la peine de leur téléphoner, qu'ils me préviendraient quand ils auraient des informations.
Nos relations ne sont pas très bonnes, car pendant une semaine ils ont refusé de diffuser l'alerte de disparition au delà des gendarmeries car ils le considéraient dangereux pour les autres "d'après les renseignements que leur avaient donné l'hôpital et le CMP".
Il a fallu que je leur amène son infirmière psy pour qu'il changent leur point de vue et redemandent une autorisation de diffuser au procureur.

Me voilà donc dans la pire situation d'incertitude : Ignorer si mon fils est encore vivant, s'il arrive à se nourrir, à se réchauffer, si on le retrouvera à temps...
Je choisis de rester positive le plus possible, de rester concentrée sur lui,
J'essaie de rester le plus sereine possible, en espérant qu'il pourra, dans son désarroi, capter quelques ondes positives...
Je recommence à manger, ce soir nous allons danser, demain voir ma fille jouer au foot ...
Je reprends le cours de ma vie, dans l'attente et l'amour de mon fils, en essayant de rester disponible à mon copain, ma fille et sa famille, aux amis... .
Je n'ai pas besoin de compassion, qui m'affaiblit, mais de force.

E.Morin ce centenaire toujours aussi optimiste, comme Michel Serres, comme Stéphane Hessel l'ont été et j'en oublie ce patchwork d'hommes , des figures humanistes de notre histoire , savent nous apprendre qu'il faut se battre devant tout danger devant autrui et réapprendre à nous mouvoir devant toute incertitude !

@sanguine
C'est vrai et de plus ce trio a vécu très longtemps sans jamais être vieux.

@apis-32 je joins mes ondes aux tiennes. Je fais partie de celles qui pensent qu'en alliant ses énergies positives on peut faire des miracles.

Pour ce qui est du sujet de base, la vie est incertaine. Même si on se cache derrière une routine rassurante en se persuadant que nous avons un certain niveau de contrôle sur les choses il n'en est rien en réalité. La seule chose en laquelle nous pouvons croire avec certitude est notre capacité à faire face, avancer, notre résilience. Lorsque l'humain croit en sa résilience, il abandonne une grande partie de sa peur de demain.

@lizkaline
Les énergies positives ont permis de retrouver mon fils, au bout de 10 jours d'errance. Il est actuellement hospitalisé et a encore besoin de bonnes ondes pour accepter sa pathologie et que les médecins trouvent le traitement efficace.
Pour revenir au sujet, j'aurais naturellement tendance à rechercher une stabilité, mais pour faire face aux imprévus, aléas, changements, en plus de mes auteurs préférés, j'ai toujours en tête la maxime de ma prof de physique accessoirement religieuse préférée : " La marche, c'est une succession de déséquilibres. Et c'est le meilleur moyen d'avancer."