@Kallindra Crois-tu sincèrement que je pars du principe que "tout le monde fonctionne pareil" ? Crois-tu sincèrement que je n'ai aucune idée du poids écrasant, dévastateur et omniprésent de la Sacro-Sainte Note ? Le fait de comprendre l'importance de l'évaluation n'exclue pas l'opposition au chiffrage ou même la simple relativisation du poids de la note, si crucial qu'il soit pour tant de monde.
L'école, c'est l'apprentissage, pas la maîtrise. Même un examen n'est pas une finalité en soi, c'est une étape, une estimation à un instant T, bien souvent dépendant de milliers de facteurs. (C'est donc pour ça qu'après 3 mois de confinement incohérent, ça n'a pas de sens de dire aux élèves s'ils ont mieux réussi ou moins bien réussi que les autres.)
Tous les élèves, qu'ils aient 20/20, 17/20, 11/20 ou 4/20, sont tous "en cours d'apprentissage", dans toutes les matières. Ce serait une erreur que d'estimer que quand on a 20/20 à une évaluation, ça y est on maîtrise le sujet, plus besoin de travailler. Et ce serait une encore plus grosse erreur de penser que quand on a eu 4/20 à une évaluation, tout était vain et on est estampillé "nul".
Vouloir classer les gens dans des cases, "toi tu sais" / "toi tu ne sais pas", c'est tout ce contre quoi je me bats au quotidien. Je crois à la valorisation, au goût de l'effort pour l'effort, mille fois moins au bâton et à la carotte (au passage : en prônant l'attrait de la carotte, on valide complètement l'existence du bâton, ce qui n'est pas glorieux). Et très sincèrement je n'ai aucun mal à transmettre cette vision des choses à mes élèves, l'immense majorité a très bien compris que les notes n'ont aucun sens. Ce sont leurs parents qui leur demandent constamment des chiffres, ce sont les parents qui dégainent la calculatrice aux remises de bulletins pour connaître la fameuse "moyenne générale" de leur enfant (totalement incohérent de faire une moyenne des compétences en maths, en latin et en EPS, mais apparemment ils kiffent ) et savoir enfin si l'enfant mérite ou non d'obtenir l'iphone qu'il a commandé pour Noël. Je refuse de cautionner cette pratique culpabilisante et déconnectée de toute réalité d'apprentissage et de toute morale.
Aller à l'école, apprendre des choses, pour moi ça doit être avant tout pour s'enrichir, développer ses compétences, s'ouvrir au monde, et aussi apprendre à vivre en harmonie avec les autres… et tout ça à son rythme, pas spécialement en compétition avec les autres. S'il faut mettre un chiffre au bout pour faire taire les parents, je le fais, mais c'est à contre-cœur, car ce chiffre fait beaucoup beaucoup + de dégât qu'il n'apporte de satisfaction.
Et puis, d'expérience, je sais que les gens qui veulent absolument qu'on mette des notes, ce sont les mêmes qui disent des trucs comme "je veux que mon fils soit dans une bonne classe". (C'est quoi une "bonne classe"? Qui est cette élite ? Et qui, fatalement, sont donc les sous- humains qui entrent dans la catégorie "mauvaise classe" ? Et surtout, quelle sorte d'arrogance déplacée peut conduire qqun à penser que sa progéniture est nettement supérieure à celle des autres ? Avec cette logique, si l'enfant n'a pas 20/20 partout, c'est un être inférieur par définition… ! Alors quoi, on bute tous les enfants qui ne sont pas performants en tout ? Quel monde de fous.)
Voilà, je défends mon école, mes valeurs, et elles ne sont pas régies par des notes, mais par la réussite individuelle, pour être bien avec soi-même et s'épanouir avec les autres. Tant pis pour ceux qui veulent écraser les autres en disant "je suis le meilleur", ils trouveront cette hiérarchisation bien assez tôt dans le monde magique de l'entreprise.
Si Lferloxx a besoin d'une reconnaissance extérieure, qu'il pose la question à ses enseignants au lieu d'attendre des chiffres qui ne signifient rien, je suis certaine qu'il recevra les encouragements et la motivation dont il a besoin, je garantis à 100% que ses professeurs sont au courant de ses efforts et de ses progrès, parce que leur boulot ce n'est pas de mettre des notes, mais bien d'observer les élèves et de les accompagner vers le savoir, alors ils auront les mots justes.