e @marie-thérèse a dit dans Le racisme scientifique, histoire d’un contresens :
@leo a dit dans Le racisme scientifique, histoire d’un contresens :
@kallindra
Mais justement, ne crois-tu pas que le racisme était avant tout une conviction scientiste ?
Ou une conviction nationaliste ? Le nationalisme est aussi une croyance née au XIXeme siècle.
Non, la race est une catégorie naturaliste, médicale, puis de la pré-anthropologie physique. Il est vrai que Nation et Race se voisinent durant les lumières mais également la République, le Progrès, l'Athéisme, les Droits de l'Homme, le Libéralisme économique...
La Nation est une belle idée, celle du peuple assemblé en une entité cohésive ayant pour but la fabrication d'un destin commun reposant sur des valeurs communes.
La hiérarchisation des races est pour moi scientiste en ce qu'elle procède d'une foi dans la science plus que de la méthode scientifique elle-même. C'est bien ce qui fait que le racisme met si longtemps à être infirmé.
@kallindra a dit dans Le racisme scientifique, histoire d’un contresens :
@leo Ben non puisque le scientisme est la croyance que la vérité vient de la science.
La vérité vient bien, le plus souvent, de la science oui... et ce n'est pas nécessairement une croyance mais une réalité.
Définition stricte
D'après Michel Blay, la science est « la connaissance claire et certaine de quelque chose, fondée soit sur des principes évidents et des démonstrations, soit sur des raisonnements expérimentaux, ou encore sur l'analyse des sociétés et des faits humains ».
Le scientisme est une foi dans la science, plutôt que sa stricte application méthodologique. Elle surévalue un peu les connaissances scientifiques qui sont vraies, démontrées, en attendant mieux pour un scientifique, et vraies, démontrées donc inaltérables pour un scientiste, mais surévalue surtout l'efficacité et la portée de la méthodologie.
Le scientisme est un passage difficile du religieux à la science (lumières et 19e). Les intellectuels sont pour beaucoup encore baignés de croyances, d'espoirs glorieux de lendemains qui chantent. La libération des dogmes religieux et de l'obscurantisme doit faire place pour beaucoup d'entre eux à une certitude plus solide grâce à la rationalité (cartésienne), la raison. Mais ils attendent donc des sciences des certitudes, et souvent des validations peu ou prou de l'ordre social et métaphysique existant... Bon, un certain nombre de scientifiques font preuve d'esprit scientifique, réellement, tel Darwin, mais sont bien conscients qu'ils doivent encore marcher sur des œufs et que leurs publications peuvent choquer, provoquer des bouleversements trop rapides dans des sociétés qui commencent à s'habituer aux sciences mais s'en méfient encore souvent, et où les résistances religieuses sont encore vives voire parfois violentes.
Le positivisme d'Auguste Comte a un côté scientiste également par sa manière de poser la science comme un aboutissement de la maturité humaine. Mais c'est un sujet complexe.
Le racisme est une théorisation de l'ordre existant par des méthodes "scientifiques" peu ou pas concluantes. Il s'agit en fait, essentiellement de catégoriser, de classer, dans un registre naturaliste et folkloriste. La méthodologie, longtemps, importe moins que la certification des croyances en une linéarité des progrès, y compris humains et culturels, donc si l'occident est plus évolué technologiquement, alors également humainement... Ce n'est que vers la fin du 19e et surtout début 20e que cette vision moins scientifique qu'idéologique se désagrégera, sous la pression d'une analyse justement plus réellement scientifique, méthodique, des faits (cranes, couleurs, aptitudes, reproduction, etc.)