Je voudrais que tu sois là
que tu frappes à la porte
Et tu me dirais « c’est moi
Devine ce que je t’apporte »
Et tu m’apporterais toi.
Boris Vian, extrait de « Berceuse pour les ours qui ne sont pas là »
Et si on s'échangeait des poèmes et des jolis mots ?
Je voudrais que tu sois là
que tu frappes à la porte
Et tu me dirais « c’est moi
Devine ce que je t’apporte »
Et tu m’apporterais toi.
Boris Vian, extrait de « Berceuse pour les ours qui ne sont pas là »
Je ne suis rien, je le sais, mais je compose mon rien avec un petit morceau de tout.
Et si on s'échangeait des poèmes et des jolis mots ?
Une allée du Luxembourg
Elle a passé, la jeune fille
Vive et preste comme un oiseau
À la main une fleur qui brille,
À la bouche un refrain nouveau.
C’est peut-être la seule au monde
Dont le coeur au mien répondrait,
Qui venant dans ma nuit profonde
D’un seul regard l’éclaircirait !
Mais non, – ma jeunesse est finie …
Adieu, doux rayon qui m’as lui, –
Parfum, jeune fille, harmonie…
Le bonheur passait, – il a fui !
Gérard de Nerval
Un des poèmes de cet auteur que j'apprécie et m'inspire quand parfois moi aussi je prends la plume
Je ne suis rien, je le sais, mais je compose mon rien avec un petit morceau de tout.
Et si on s'échangeait des poèmes et des jolis mots ?
LE MENDIANT
Un pauvre homme passait dans le givre et le vent.
Je cognai sur ma vitre ; il s’arrêta devant
Ma porte, que j’ouvris d’une façon civile.
Les ânes revenaient du marché de la ville,
Portant les paysans accroupis sur leurs bâts.
C’était le vieux qui vit dans une niche au bas
De la montée, et rêve, attendant, solitaire,
Un rayon du ciel triste, un liard de la terre,
Tendant les mains pour l’homme et les joignant pour Dieu.
Je lui criai : — Venez vous réchauffer un peu.
Comment vous nommez-vous ? — Il me dit : — Je me nomme
Le pauvre. — Je lui pris la main : — Entrez, brave homme. —
Et je lui fis donner une jatte de lait.
Le vieillard grelottait de froid ; il me parlait.
Et je lui répondais, pensif et sans l’entendre.
— Vos habits sont mouillés, dis-je, il faut les étendre
Devant la cheminée. — Il s’approcha du feu.
Son manteau, tout mangé des vers, et jadis bleu,
Étalé largement sur la chaude fournaise,
Piqué de mille trous par la lueur de braise,
Couvrait l’âtre, et semblait un ciel noir étoilé.
Et, pendant qu’il séchait ce haillon désolé
D’où ruisselait la pluie et l’eau des fondrières,
Je songeais que cet homme était plein de prières,
Et je regardais, sourd à ce que nous disions,
Sa bure où je voyais des constellations.
Décembre 1854.
Je ne suis rien, je le sais, mais je compose mon rien avec un petit morceau de tout.
Et si on s'échangeait des poèmes et des jolis mots ?
@Maarie
Je ne pense pas avoir publié ici cette nouvelle que j'ai écrite un jour. Je vous laisse apprécier en espérant que vous ne la trouverez pas trop longue. J'espère qu'elle a sa place ici
"Ce matin j'ai eu cette sensation bizarre, que c'était le dernière fois que j'irai à mon rendez-vous annuel sur ce petit quai de gare.
En effet, hier un homme en blouse blanche m'a annoncé tout de go cette putain de mauvaise nouvelle que personne ne voudrait jamais entendre : "Madame, vous allez partir pour un long voyage sans retour, j’en suis désolé, je ne peux plus rien pour vous".
Alors comme chaque premier dimanche de mai, je fais ce chemin qui mène de chez moi à la gare et je m'assois là, toujours sur le même banc et j'attends.
Ho ! je ne sais pas pourquoi depuis vingt ans j'espère encore qu'il viendra, mais c'est plus fort que moi, la peur de rater notre rendez-vous sans doute...
Nous avions toute la vie devant nous, la fougue de la jeunesse..... et nous nous étions fait cette promesse de nous retrouver un jour de mai sur ce quai, sur ce banc, pour ne plus jamais nous quitter.
Et je suis encore là après tant d'années à l'attendre, à l'espérer, à l'aimer encore malgré sa lourde absence.
C'est fou comme une amourette de vacances peut ainsi chambouler toute une vie.
Je sens encore ses baisers, ses caresses et je revois ses yeux pleins de promesses.
Pourtant je suis là, seule, et j'attends.
C’est étrange comme le temps passe vite, mais la mémoire ne s’efface jamais.
Cela fait maintenant plusieurs heures que j’attends là.
Quelques personnes sont venues me saluer et m'ont demandé si j’allais bien. J'ai répondu en souriant, "oui je vais bien merci"... Si ils savaient que bientôt je ne pourrais plus leur répondre.
Ils se souviendront peut être de cette femme au regard triste et penseront : Quelle pauvre existence pour cette dame, c’est bien pathétique cette tristesse !
Même le chef de gare est venu un peu me parler.
C’était une petite gare dans un petit village, des trains il en passait très peu, alors il avait largement le temps de discuter avec les passagers qui restaient uniquement pour cela.
Je pense qu’il avait compris que je ne voulais pas parler et compris aussi que c’était la dernière fois qu'il me verrait.
Je me levais, lasse, fatiguée.
Il m'a fait un petit geste de la main, comme pour me dire adieu.
Et puis j'ai marché le long du quai, et pour me rassurer, comme pour compter le temps, je comptais un par un le nombre de mes pas qui me guidaient vers la sortie, sans me retourner, sans attendre le dernier train.
Je ne pouvais plus avancer très vite, ma maladie m’épuisait à chaque mouvement, j’avais tellement mal, c’était indescriptible.
Dire que bientôt je ne souffrirai plus, bientôt je ne penserai plus, bientôt j'aurai oublié tout cela.
Comme toujours avant de partir, je me retournais pour saluer d’un clin d’œil le quai vide et lui dire à l’année prochaine, mais cette fois ci, je ne voulais pas le faire, trop triste, trop peinée, c’était la dernière fois et j’avais peur.
Mais l’esprit ne dirige pas toujours le corps et, je ne sais pas l’expliquer, je me suis retournée, sans le vouloir, comme ça, et je l'ai vu......il était là et m'appelait : "Anne, c'est moi, je ne t'ai jamais oubliée".
Je pensais alors "la maladie te joue des tours", et j'ai continué à avancer comme si je n'avais rien entendu.
"Anne, Anne, attends moi, je suis là"
Je me suis alors retournée encore une fois et à cette seconde-là, seules les personnes qui ont connu le grand amour, la puissance des sentiments, les frissons qui te transpercent de haut en bas...... seules ces personnes peuvent comprendre ce que j’ai ressenti.
Je ne sentais plus mon cœur battre et il a même cessé de battre un court moment comme une mort soudaine, mais qui ne voulait pas dire que c’était la fin, je me trouvais en face de celui que j’attendais depuis trop longtemps.
Il m'a pris dans ses bras, et tous les mauvais jours, les douleurs, les souffrances de ma triste vie furent effacés en un instant, il était bien là, il était maintenant à moi..... je pouvais mourir, j’étais enfin heureuse !
Cela fait maintenant 20 ans que Patrick est près de moi, et la seule chose que je puisse dire aujourd’hui est qu'il n’y a pas plus belle médecine que l’amour, cela guérit tout, même de la mort !
Ceci bien sûr est une fiction, toute ressemblance avec quiconque ayant existé est pure coincidence.
Il n'y a que la conclusion qui est réelle : l'Amour guérit de bien des maux et le bonheur en fait est comme l'ivresse, et il ne faut pas avoir peur de s'y noyer."