Ce livre est considéré comme inclusif car les 3 héroïnes ne sont pas bien intégrées dans le système : Grâce parce qu'elle est trop ronde et trop fade, Rosita pour être latino et lesbienne, Erin en tant qu'autiste. Ces 3-là vont se lier d'amitié, s'unir face au silence consensuel pour dénoncer ce dont il est tabou ne serait-ce que d'en parler, les agissements des superstars footballeurs du lycée Prescott qui violent des lycéennes après les avoir soûlées en soirées festives.
Mon avis : le thème de l'inclusion est la toile de fond de ce roman, il n'y est pas développé en profondeur mais il est bien présent tout au long de l'ouvrage. Le vrai fil conducteur en fait, c'est le sexisme et son lot de violences sexuelles à tous les degrés. Y sont dénoncés, bien sûr le viol, mais aussi le silence hostile aussi bien des habitants de la ville que des autres filles qui pensent que les victimes ne sont que de " pauvres filles ".
Des thèmes bien qu'insoutenables sont ici traités sans faire tomber le lecteur dans l'horreur la plus absolue parce que l'histoire est teintée d'un bel élan vital, celui dont sont pourvus les ados. Un livre un poilou feel good donc, car il s'adresse surtout à la jeunesse, mais pas que : il interpelle aussi les parents, les enseignants, les diverses autorités, tout le monde qui préfère fermer les yeux. Dans ce livre, sont concernées des jeunes filles, mais on en vient à penser aussi aux femmes qui de nos jours encore, subissent des agressions : dans la rue, dans leur famille, leur travail, etc. Un grave problème qui à mon avis ne sera jamais complètement résolu parce qu'il y aura toujours des hommes prédateurs et des femmes devenues proies. Mais la parole peut contribuer à faire diminuer le nombre des agressions sexuelles et c'est toujours ça de gagné.
Il se lit très facilement, j'ai dévoré ses 537 pages. Extraits :
" Qu'est-ce qui est pire ? Mentir sur ce qu'on est ou ne pas savoir du tout qui on est ? "
" A la différence des garçons, elles se tournent vers l'intérieur. Se cachent. S'adaptent, quitte à se faire mal. Comme elles ne crient pas, on suppose qu'elles ne souffrent pas. Une fille qui s'endort tous les soirs en pleurant ne dérange pas grand monde. "
" Les choix ne devraient peut-être pas être conduits par la peur. Le but n'est peut-être pas de se fondre dans le décor ".