Le jour où, mort de honte, vous vous êtes senti très seul
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Bon, c'était donc la douce époque du début de l'adolescence, un premier camp scout, je devais avoir 12 ans et demi.
Ma meilleure amie était scoute avec moi, nous étions les plus jeunes, des "première année" et vivions notre premier grand camp sous tentes, avec constructions en bois et tout le toutim.
Une tradition bien stupide consistait à envoyer les "p'tits" d'une patrouille à une autre (une patrouille = un petit groupe de scouts qui dorment dans la même tente) pour récupérer "l'aspirateur à copeaux" afin de nettoyer la prairie des traces laissées par les constructions boisées.
L'idée de base est simple : un grand de la patrouille A envoie un petit dans la patrouille B demander l'aspirateur à copeaux. Ceux de la patrouille B renvoient le petit à la patrouille C, chez les animateurs, etc. Le petit tourne en rond jusqu'à ce qu'il capte qu'un aspirateur à copeaux, ça n'existe pas, hein, on ne sait pas brancher ça dans la nature, enfin voyons...
Sauf que moi, je suis très très naïve.
Et donc, j'ai cherché ce put*** d'aspirateur, longtemps. Puis à un moment, un connard (ou une connasse, je n'ai aucune idée de qui c'était) m'a dit : "Ah, mais on l'a prêté aux scouts de l'autre unité !" Oui, parce qu'une autre unité scoute campait pas loin... Et il insiste pour que j'aille le récupérer. Je croise ma meilleure amie et lui explique la situation, espérant qu'elle m'accompagnera, mais elle prétexte une excuse bidonne pour ne pas venir. J'apprendrai par la suite qu'elle avait été mise au courant de l'attrape-nigaud et qu'elle n'avait pas osé me le dire, pas osé se faire mal voir du reste du groupe en dévoilant la (mauvaise) blague...
Me voilà donc, armée de ma bonne volonté, mais timide à l'idée de devoir m'adresser, seule, à des inconnus, montant une colline pour rejoindre l'autre camp, situé bien plus haut que nous.
Fatiguée par la grimpette, j'y arrive et je trouve un campement quasi vide (vous comprendrez par la suite qu'au final, y être allée seule, et me trouver face à si peu de personnes, auront été les meilleures choses qui pouvaient m'arriver dans telle situation).Enfin, je trouve une âme vivante : un intendant (= ceux qui font la bouffe). Je lui demande l'aspirateur à copeaux. Je ne me souviens ni d'une réaction étonnée, ni d'un essai de m'expliquer que ça n'existait pas, ni quoi que ce soit avant qu'il me fasse sa démonstration.
La démonstration en question ? La voilà...
Il me donne un sac un plastique, me dit de me mettre à quatre pattes (je l'ai fait) et comme je suis une couillonne et ne comprends toujours pas, il ajoute : "Le voilà, ton aspirateur à copeaux ! Ça n'existe pas, c'est à toi de les ramasser !"
C'est donc morte de honte, me sentant extrêmement stupide et exagérément seule (parce que j'avais d'abord tourné d'une patrouille à l'autre dans mon unité scoute, interrogeant à peu près chaque personne que j'avais croisée), abandonnée par ma meilleure amie, que j'ai redescendu la colline pour rejoindre mon unité.
Personne n'a su ce qui s'était passé. Je suis restée avec ma honte et j'ai gardé cette aventure longtemps secrète. Au final, seul l'intendant et moi savions exactement ce qui s'était passé, et c'est ce qui m'a permis de passer au-dessus... J'en ai voulu à mon amie, à qui j'ai un peu raconté (pas dans les détails) et qui s'est excusée et m'a expliqué avoir été très mal prise entre le groupe et moi. Je lui ai pardonné bien sûr (et je suis actuellement la marraine de son premier fils
) comme j'ai pardonné à mes camarades scouts qui n'avaient fait que perpétrer la "tradition", sans, je pense, imaginer à quel point j'allais mal le vivre.
Je suis restée encore 5 ans dans cette unité... Et n'ai jamais participé réellement à ce jeu consistant à faire chercher l'aspirateur à copeaux par les plus jeunes. Je ne me suis jamais insurgée contre non plus... Le poids du groupe... Mais je pense avoir veillé discrètement à ce que ça n'aille jamais trop loin, comme ça avait été le cas pour moi. En tout cas, je l'espère, mais allez savoir... Les souvenirs sont ce qu'ils sont et j'ai peut-être embelli la réalité pour me donner un beau rôle ?
Voilà... Mon moment qui correspond à 100% au titre de ce topic : morte de honte, sentiment d'être ultra seule
(Merci d'avoir réveillé mon trauma XD )
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@Gaip c est quand meme bien naze de pousser le bouchon aussi loin
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@icescream grave ! On frise l'humiliation là.
J'ai fait les scouts pendant longtemps mais j'ai jamais entendu parler de ça. Même le dahu ça ne se faisait plus. -
@Gaip Ce sont plutôt les autres qui devraient avoir honte.
Dans l'industrie, il y a ce genre de blague stupide.
Les mecs du bureau demandent à leur victime d'aller chercher une pompe à l'atelier. Et surtout, tu te plantes pas hein, c'est celle de la marque Moildard.Et donc la victime va chercher à l'atelier une pompe Moildard....
Voilà voilà voilà...
C'est stupide, ça n'a rien de formateur, c'est 0 empathie et ça démontre une capacité à faire corps totalement nulle.J'ai été confronté une fois à l'époque ou j'étais responsable BE à ça.
Un de mes collaborateurs avec un stagiaire. Autant vous dire que j'ai moyennement gouté la plaisanterie. -
@Gaip merci de me réconforter d’avoir claqué la porte aux lutins à 10 ans.
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@LeaPierce Ah non non non, je n'ai pas raconté ca pour qu'on s'en serve comme excuse pour ne pas apprécier le scoutisme ! J'ai fait du scoutisme pendant 18 ans et je ne regrette pas une seconde et je recommande à tout le monde d'en faire profiter les enfants !
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@Jabba-the-Hutt a dit
Et donc la victime va chercher à l'atelier une pompe Moildard...
Zut, j'ai souri