Chaque culture a ses propres tabous, c'est-à-dire des actes qui paraissent dégoûtants ou irrespectueux.
Des chercheurs ont constaté que l'instinct, le conditionnement culturel et la classe sociale déterminent notre conception des comportements interdits.
Lors d'une étude, des chercheurs ont demandé à des participants de réagir aux histoires suivantes :
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Une femme trouve chez elle un vieux drapeau national ; elle en fait des chiffons pour faire le ménage.
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Une femme mourante a demandé à son fils de se rendre sur sa tombe une fois par semaine. Celui-ci a promis de le faire mais, après la mort de sa mère, il n'a pas tenu parole parce qu'il était très occupé.
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Un chien a été tué par une voiture devant chez ses maîtres. Comme ils avaient entendu dire que la viande de chien était délicieuse, ils ont découpé son corps, l'ont fait cuire et l'ont mangé au dîner.
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Un frère et une sœur aiment s'embrasser sur la bouche. Quand ils sont seuls, ils trouvent une cachette et s'embrassent fougueusement.
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Un homme se rend au supermarché une fois par semaine et achète un poulet. Avant de le faire cuire, il a un rapport sexuel avec le cadavre. Puis il le mange.
Les histoires du drapeau et de la femme mourante dérangeaient peu de gens, mais la plupart étaient d'avis que les protagonistes des histoires du baiser et du poulet devraient cesser ou être sanctionnés.
La sidération morale
Lorsqu'il s'agit de situations tabous, des expérimentateurs ont constaté que les gens ont tendance à fonder leurs jugements moraux sur leurs premières réactions, instinctives, puis à rationaliser ces jugements par la suite. Cela a été le cas pour les cinq scénarios cités ci-dessus, ainsi que pour d'autres questions concernant la sexualité, la nourriture (seriez-vous prêt à boire dans un verre d'eau où a trempé auparavant un cafard stérilisé ?) ou la superstition (seriez-vous prêt à signer un contrat non contraignant pour vendre votre âme au diable contre 2 dollars ?) De nombreuses personnes interrogées ont du mal à expliquer leur aversion pour ces actes, mais affirment qu'il doit y avoir une raison. On appelle ce comportement "sidération morale" : on sait que c'est mal, mais on est incapable de dire pourquoi.
Source : National Geographic hors-série n° 38 d'octobre-novembre 2019
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