Je me permet d'ouvrir ce topic car je n'ai pas vu d'autres messages liés à cette affaire qui est pourtant virale et d'actualité.
Pour résumer les faits, lors d'une des nuits d'émeutes à Marseille, Hedi se baladait avec un de ses amis au Vieux Port. Ils ont alors croisé cinq policiers de la BAC. Selon la version d'Hedi et de son ami Lilian, un des policiers a alors sorti une matraque de son pantalon et aurait tenté de donner un coup à la tête de Lilian. Ils se seraient alors enfuis mais un autre policier aurait alors tiré au LBD dans la tête d'Hedi. Suite à cela, ils l'auraient tabassé en l'assommant de coups de poing et de coups de pied. Son ami craignant pour sa propre sécurité n'a pas osé intervenir. Et les policiers auraient ensuite laissé sur place Hedi par terre sans le secourir.
Heureusement, des jeunes à scooter ont pu l'emporter à l'hôpital dans lequel il a pu être secouru même si les médecins affirment qu'il a eu de la chance de s'en sortir vivant.
Comme vous pouvez le voir sur l'image ci-dessous, même après son opération, Hedi a toujours le crâne déformé suite aux traumatismes crâniens (je met en spoil pour les âmes sensibles mais pas de sang je précise au cas où).
Si Hedi avoue être sorti ce soir-là par curiosité, c'est en revanche un jeune sans histoire qui n'a jamais été inquiété par la justice auparavant.
Concernant les versions policières, elles ont été très changeantes au fur à mesure de l'histoire, notamment suite à l'exploitation des caméras de surveillance. Si les coups donnés à terre ainsi que le tir de LBD ont d'abord été niés en bloc, ils ont fini par être avoués devant la mise en évidence de ces actions par les caméras de surveillance.
Ce qui fait polémique, c'est aussi que deux des policiers concernés sont impliqués dans deux autres histoires de violences policières : l'affaire Angelina de 2018 dans laquelle une jeune fille avait été roué de coups ainsi qu'une autre affaire dans lequel un couple avait été violenté en 2021 à la gare de Saint-Charles. Les policiers avaient nié les faits reprochés et n'ont pas été inquiété, faute de preuve contre eux. Les victimes de violence en revanche accusaient les policiers d'avoir monté de faux procès verbaux. On peut donc se poser question sur la véracité des propos de ces policiers sur ces dossiers suite à l'ouverture du dossier Hedi.
Concernant les réactions de la police, elles ont été de défendre les policiers inculpés dans l'affaire Hedi, notamment car le policier porteur du tir de LBD a été placé en détention provisoire. De nombreux policiers se sont mis en arrêt maladie pour défendre leur collègue et pour revendiquer le fait qu'un policier devrait avoir une immunité judiciaire selon eux comme pour les parlementaires. Or, ce n'est pas un soutien isolé puisque même le patron de la police Frédéric Veaux a apporté son soutien au policier incarcéré en disant qu'il ne devrait pas être incarcéré. Et soutenu aussi par le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin. Même si Macron a tout de même soutenu que nul ne devait être au-dessus des lois.
En revanche, Hedi affirmait n'avoir reçu aucun soutien d'aucune personnalité politique et se sentait délaissé. C'est désormais cependant fait depuis hier puisqu'Olivier Véran l'a appelé, suite à la mise en évidence du tir de LBD par le policier. Même si cela intervient assez tardivement dans l'affaire.
Mon avis personnel : Je dois avouer que ça me faire poser beaucoup de questions sur l'institution policière. Car à ce niveau-là, il ne s'agit pas d'un problème de quelques policiers factieux mais d'un problème réellement institutionnel. En soi, ce n'est pas nouveau qu'il y ait une certaine auto-défense corporatiste. Mais là, c'est vraiment pour de mauvaises raisons donc ça pose question.
Après certes, je ne tombe pas des nues car l'institution policière n'est pas la seule à se couvrir. Dans l'éducation nationale aussi, il y a le "pas de vague". Mais ça ne devrait pas être normal. Surtout quand on parle de l'institution qui est censé faire respecter la loi, elle devrait être un maximum irréprochable. On ne peut pas laisser de tels écarts être normalisés. Raison pour laquelle ça me pose question que ça soit la police qui s'auto-régule avec l'IGPN. Ca devrait être à la place une institution indépendante à mon sens pour des jugements moins partiaux. Dans de nombreuses affaires, on s'aperçoit suite à la vidéo que la version de la police est fausse. Mais dans plein de cas, il n'y a aucune vidéo pour prouver. Se pose donc pourquoi pas la question d'équiper les policiers de caméras.
Si ça continue, la fracture entre la police et une grosse partie de la population ne va pas s'arranger et on finira par ne plus croire la police s'il y a la mise en évidence de faux procès verbaux de manière institutionnalisée.
Ce qui me fait peur aussi, c'est qu'on a désormais l'impression que ce n'est plus le pouvoir qui a la main sur la police mais que c'est désormais l'institution policière qui a la main sur le pouvoir. Car jusqu'à maintenant, le gouvernement s'est prononcé très timidement sur l'affaire, n'osant froisser personne. Alors qu'auparavant, un directeur de la police tenant des propos contre le pouvoir aurait directement été limogé. Comme ça avait été le cas par exemple sous Mitterand.