Les Herbes sèches est le nouveau film du turc Nuri Belge Ceylan, qui avait gagné la Palme d'Or en 2014 avec Winter Sleep. Sorti ce mercredi 12 juillet, il dure près de 3h20 (!), et il était en compétition officielle à Cannes 2023, l'actrice principale Mezde Divar ayant gagné le prix d'interprétation féminine pour ce film.
Mon premier Ceylan et je suis juste époustouflé. J’étais un peu inquiet avant de le voir (mais aussi paradoxalement excité), parce qu’il dure plus de 3 heures, mais je ne me suis pas ennuyé une seconde. Peut-être que je manque de recul sur ce genre de cinéma.
Outre la photographie absolument magnifique, ce film est un portrait fin et précis de la complexité de l'âme humaine, une réflexion sur la façon dont les paysages reflètent et influencent notre âme, une critique de la société turque. Il est sans espoir mais pas misanthrope, parce qu’il est profondément humain. La mise en scène et le scénario transforment les scènes quotidiennes en séquences de cinéma incroyables, avec des enjeux vertigineux, cette longue scène de dîner (avec une petite surprise que je ne révélerai pas) est ma scène préférée de l’année, tout le film est dans cette scène (mais aussi dans le premier plan).
J'ai rarement autant détesté un personnage principal, avec toutes ses bassesses, et pourtant je comprends parfaitement ce personnage. Je dois aussi remarquer les performances étonnantes des acteurs, Deniz Celiloglu est parfaitement ambigu, détestable et mélancolique, et Merve Dizdar mérite mille fois son prix d’interprétation à Cannes.
Donc voilà, si vous avez le courage de voir un film de cinéma bobo long et lent, regardez ça, vous allez forcément en ressortir un peu plus grand. Sérieusement, c'est vraiment splendide.