Coucou Balaka,
J'ai fait un burn-out qui est devenu une dépression durant deux ans. Je ne pensais pas que j'en ferai une vu ma personnalité, comme quoi personne n'est immunisé contre la dépression, ça peut arriver à tout le monde. Ma dépression était sévère et pas chronique mais je peux comprendre tes ressentis. Parce que dans tous les cas, les symptômes et comment on vit les choses, ça se rejoint beaucoup. C'est dur de se lever le matin quand les autres ont une batterie (un peu comme une batterie de téléphone) à 90-100% tandis que toi, ta batterie est à 5% et tu dois faire avec toute la journée. Que tu n'as envie de rien mis-à-part rester dans ton lit. Même rester loin des autres fait du bien car rien qu'aller dans un magasin c'est une épreuve ou passer quelques soirées mais pas plus parce que c'est fatiguant. Surtout quand parfois t'as des gens qui ne comprennent pas alors là c'est pire.
Se concentrer rien que pour apprendre ses cours, c'est une épreuve. Je me souviens j'apprenais 20 minutes, je dormais plus d'une heure. Je pensais à la mort tous les jours surtout que j'habitais pas loin d'un canal alors je me disais un coup de volant et c'est fini. Je me flagellais en permanence. Mais y'a une petite voix, encore plus profonde que celle qui était méchante avec moi et ne me faisait pas avancer, faisait que je restais vivante et que je continuais à me battre.
Cette petite voix qui était vraiment toute petite, était à cheval sur mon traitement (antidépresseur) et mes séances chez ma psychologue. Ou était encore une petite lueur d'espoir. Que rien n'était perdu.
J'avais cette impression de ne jamais pouvoir m'en sortir et pourtant, je considère depuis novembre dernier que je m'en suis sortie. Je dirai, de par mon expérience (qui n'est pas une vérité générale) que ce qui m'a aidé à m'en sortir c'est :
-
Un traitement que j'ai tenu jusqu'au bout,
-
Un suivi psychologique assidu et donc maintenu dans le temps. Même si y'a des améliorations sur le court terme pendant une période, chacun avance à son rythme. Arrêter un suivi c'est aussi prendre le risque de casser le processus de soin (qui prend du temps selon les personnes) et de mieux être.
-
Écrire un journal où je notais ce que je faisais dans la journée même si ce n'est pas grand chose, mes pensées, trois qualités que je me trouvais, une citation inspirante. Écrire m'a permis de prendre du recul, de comprendre mon évolution au fil des mois... Je me décrivais, ma personnalité etc. Alors au début, y'avait pas grand chose, mais au fur et à mesure ça s'étoffait.
-
Bien m'entourer : personnes bienveillantes, compréhensives, soutenantes qui ne font pas de problèmes. J'ai fait un tri car j'ai connu des personnes qui m'enfonçaient plus qu'autre chose. Donc les personnes qui m'enfoncent bah ça dégage.
-
Réapprendre à me connaître car je ne savais plus qui j'étais, je ne savais pas décrire ma personnalité mis-à-part dire que j'étais gentille. Pour ça, je me renseignais sur le sujet. Qu'est-ce que je pouvais faire pour plus me connaître ? Trouver des livres sur le sujet, raconter mon histoire de vie à l'écrit, demander à mes amis et ma famille (personnes bienveillantes et de confiance) comment ils me décriraient etc.
-
Prendre soin de moi : faire du sport (j'ai mis longtemps à m'y mettre mais j'ai fini à y arriver notamment en faisant du Yoga), prendre soin de mon corps (avec des huiles, automassages, coiffures, maquillage, soin de la peau).
-
Lire des livres : de développement personnel, de témoignage. Je prenais ce qui pouvais m'aider au niveau de ma dépression mais aussi sur ce que je devais améliorer chez moi : confiance, estime, amour de soi par exemple.
-
Mieux me parler : je me disais que j'étais nulle, que je n'arriverai à rien, que j'étais bonne à rien etc. Sauf que ça, c'est la voix méchante de la dépression, ce n'est pas la réalité. Et j'ai travaillé dessus pour me parler avec bienveillance en tenant des propos qu'on dirait à un enfant, son meilleur ami.
-
Prendre confiance en moi : faire du sport (Yoga, muscu etc.), faire une to do list raisonnable de temps en temps et pouvoir observer qu'avec le temps j'arrivais à la finir, lire des bouquins sur le sujet, faire des exercices en répondant à des questions permettant de mieux me comprendre.
-
Écouter des podcasts et regarder des vidéos Youtube, reportages... sur la dépression pour mieux comprendre son fonctionnement, et du coup m'aider à prendre du recul. Pas visionner du contenu négatif à souhait, mais des contenus objectifs qui permettaient de comprendre la dépression et donc de mieux comprendre mon état.
-
Ne pas m'embourber dans la dépression : alors quand je dis ça, c'est plutôt ne pas lire, consommer des vidéos et témoignages qui ne me permettent pas d'avancer et qui ont plutôt tendance à m'enfoncer. Pour te dire, j'ai été sur un forum avec des personnes dépressives. Au début, j'étais contente car je me sentais comprise mais au bout d'un certain temps, ça m'enfermait plus dans la dépression voire m'enfonçait plus qu'autre chose.
-
Accepter d'être malade : je n'acceptais pas mon état. Il fallait toujours que je fasse telle ou telle chose, comme si je n'étais pas malade. Sauf que si, j'étais malade. La dépression est une maladie grave et invisible, c'est pour ça qu'elle n'est pas aussi bien comprise qu'une personne qui a une maladie qui se voit physiquement. Cela ne veut pas dire se conforter dans la maladie, mais simplement accepter que je ne peux pas avoir le même rythme que les autres.
-
Aller vers ce qui me fait du bien et donc me reconnecter avec mes envies : Yoga, lire, marcher en forêt etc. En fait, j'étais dans le flou total. Comme si j'étais dans le noir avec une boussole à peine éclairée et que je devais trouver mon chemin. Dès que la boussole scintille ou pointe un endroit, hop j'y vais. J'ai envie de peindre, je le fais. J'ai envie de lire, je le fais. J'ai envie de regarder un film ou une série, je le fais. J'ai envie de jouer à un jeu vidéo, je le fais. J'ai envie de manger tel truc, je le fais. J'ai envie de me faire masser, je le fais. J'ai envie de voir mes amis, je le fais. J'ai envie de téléphoner à un ami, je le fais et si il n'est pas disponible c'est pas grave je réessaye quand il le sera. J'ai envie de faire du scrapbooking, je le fais. J'ai envie de dessiner, je le fais etc. Au début, je n'avais pas envie de grand chose. Rien à vrai dire. Mais j'ai fini par m'écouter. Dès que j'avais envie de faire un truc, j'y allais. Alors bien sûr, l'envie de se jeter dans le canal on va éviter hein. C'est l'envie de faire des choses qui nous font du bien, qui sont agréables, pour lesquelles on a du plaisir etc.
-
Écouter cette petite voix bienveillante : celle qui te fait te raccrocher à la vie.
-
Apprendre à gérer mes émotions : notamment en me renseignant sur les émotions, leur rôle, pratiquer la méditation, des exercices de respiration etc. Parce que je faisais des crises d'angoisses. J'avais jamais connu ça avant d'être en dépression.
C'est quelques outils et solutions que j'ai trouvés mais ils ne sont pas universels. Peut être qu'ils pourront t'aider. En tout cas, je te souhaite vraiment de sortir de ta dépression. Je me souviens à quel point c'était difficile à vivre. Mais on peut s'en sortir. Des personnes ont réussi dont moi. Tu peux y arriver. Cela prendra le temps que ça prendra, personnellement ça a pris deux ans mais y'a des personnes c'est plus de temps et d'autres moins. Chacun son rythme. La meilleure façon d'évoluer n'est pas de se comparer aux autres mais à soi même. Courage, tu as tout mon soutien !