P A T H S . OF . G L O R Y
1957 - Stanley Kubrick - USA - 1h28
Distribution:
Kirk Douglas: Colonel Dax
John Stein: Capitaine Rousswelt
Harold Benedict: Capitaine Nicolas
Adolphe Menjou: Général Broulard
Wayne Morris: Lieutenant Roget
Peter Capell: Préside la Cour Martiale
Timothy Carey: Soldat Maurice Férol
Emile Meyer: l'Aumônier
Joe Turkel: Soldat Pierre Arnaud
Résumé:
1916 - la grande guerre est en plein enlisement, les tranchées semblent établies et plus rien ne se passe. Un Général décide d'un assaut de la cote 110, sévèrement défendue, elle échoue. Certains refusent de monter à l'assaut ce qui rend fou de rage l'état major. C'est l'histoire longtemps cachée des fusillés français pour refus d’obéissance de la 1ere guerre mondiale, un film longtemps interdit en France qui nous plonge dans l'horreur des tranchées.
Préambule: la polémique
Après le centenaire de cette épouvantable guerre, il devenait nécessaire de créer ce sujet. Il s'agit d'un film de guerre sur le drame des soldats français fusillés pour l'exemple pour avoir refusé un ordre. C'est Stanley Kubrick qui adaptera le livre "Paths of Glory" de 1935 écrit par un ancien combattant américain. Rappelons que l'Amérique du Nord a rejoint le conflit en avril 1917.
Ce qui surprend dans ce film de guerre c'est le parti pris de dénoncer une erreur, celle d'un état major, non pas allemand, mais français, aussi comment ne pas polémiquer ?
En effet n'y avait il pas autre chose à faire sur cette guerre ?
De plus la leçon de guerre donnée par des anglo-saxons, c'est quand même un peu difficile à supporter, eux qui furent largement aussi belliqueux que nos ancêtres et surtout qui continuent leurs incessantes guerres impérialistes auxquelles nous avons renoncé.
Bref alors que la propagande sur la "grande armée américaine" bat son plein à Hollywood, ils produisent un film sur le foirage de l'armée française, et le film fût logiquement interdit en France pendant très longtemps. C'est compréhensible, c'est la petite histoire qui cache la grande Histoire, alors à nos "amis" anglo-américains je dis:
Quand tu vois la poussière dans l’œil du voisin, commence par enlever la poutre qui est dans ton œil !
Pour conclure la polémique, on peut s'étonner de la quasi absence de films français sur l'héroïsme de cette guerre que nous avons gagné quand même, peut-être que les nouvelles générations de cinéastes auront cette inspiration, ce respect, on leur doit notre liberté, mais ils préfèrent se pâmer devant le soldat Ryan, ...
Mon avis:
Mais venons en au film, le choix du N&B est très judicieux pour créer l'ambiance particulièrement lugubre de ces tranchées boueuses. Ensuite j'ai hésité pour le langage et fait plusieurs essais, voila ma réflexion: nous sommes français et il est particulièrement perturbant de voir l'armée française parler anglais, soyons cohérents, ce film doit être vu en VF, c'est comme "Das Boot" qui doit être vu en Allemand ou "lettres d'Iwo Jima" en japonais, c'est fondamental pour la crédibilité de l'ambiance.
Inversez les rôles et demandez aux américains de visionner "The Patriot" en Français...
Bref si l'art se veut universel, ça ne va pas de soi pour le cinéma historique, qui n'est pas du divertissement, mais quasiment entre le documentaire et le débat historique et souvent la propagande.
Le début du film nous décrit assez fidèlement la vie dans les tranchées pour très vite basculer sur le sujet qui est le commandement et ses excès, et on peut dire que les Généraux sont particulièrement pédants, hautains et immédiatement détestables, sans les avoir connu, on se doute qu'il y a forcément une part de vérité, mais à mes yeux c'est une caricature grossière, nos généraux étaient avant tout des patriotes, certains vétérans de la guerre de 1870 et des traumatisés de la défaite de Sedan et la perte de l'Alsace Lorraine.
Aussi en faire un portrait aristocratique, est une hérésie, eux les descendants de plus d'un siècle de lutte pour la démocratie et nos libertés. Je rappelle que nos généraux s'appelaient Foch, Joffre, Weygand, Clémenceau, Pétain et Galliéni, ... Le ministre de la défense étant le Général Lyautey. Rappelons qu'à cette époque, la France était une grande puissance, un Empire, et que l'Europe dominait le monde. Après cette guerre suicidaire, tout bascula outre atlantique.
Très vite on entre dans le huis clos de la difficulté d'ordonner à des hommes non pas de se battre mais de mourir pour à peu près rien, rappelons que certaines offensives on fait plus de 20 000 morts dans une seule journée, qu'une bataille comme le chemin des dames fît 100 000 morts. Alors effectivement on se doute que de ci de là, il y a eu des situations où les soldats furent découragés et forcément dans l'autre camp ce fut pareil, même chez les anglo-saxons, comme s'ils n'avaient pas exécutés des déserteurs, pfff ....
La guerre devant continuer et les ordres exécutés, on ne peut accepter la moindre désobéissance, et la mort ne peut être que la sanction pour qui refuse de se battre. C'est l'éternel débat sur la discipline dans l'armée et la complexité de l'obéissance dans une guerre longue et terrible par cette immobilité.
Kirk Douglas est excellent dans l'officier intermédiaire, le capitaine de terrain, près de ses hommes et en même temps, rouage nécessaire avec l'état major, il n'aura de cesse d'essayer de rapprocher les 2 points de vue et d'éclairer l'aveuglement de généraux naturellement préservés du feu.
Le film est très court et va s'articuler essentiellement sur le simulacre de procès de 5 soldats pris au hasard pour être fusillés pour l'exemple, débat servant évidemment au vrai procès qu'est celui des états-majors, plus préoccupés de Gloire ou de Politique que de la vie des hommes, vulgaire chair à canon, et là ce débat là il est plus que légitime, mais il est universel et sûrement pas français, ce pays qui justement fit tant en Europe pour renverser les régimes monarchiques et despotiques comme l'Allemagne.
Au final un film bien réalisé, au sujet légitime, très puissant, qui a du grandement aider à restaurer l'honneur de ces soldats longtemps traités de lâches et déshonorés.
Mr Kubrick, pourquoi ne pas avoir fait un film sur l'état major anglais ? si peu aristocratique n'est ce pas ?